Home 9 Bien-être 9 Dos du cheval : comment fonctionne-t-il ?

Le dos du cheval est un élément clé de la biomécanique équine, liant l’arrière-main à l’avant-main, et supportant le poids du cavalier. Les différentes structures anatomiques et chaînes musculaires composant le dos du cheval apportent souplesse et propulsion. 

Dans le travail quotidien, les exercices doivent être variés et adaptés à de nombreux facteurs : âge, niveau, pathologies spécifiques, morphologie… afin de développer une musculature harmonieuse pour permettre une belle mobilité. 

Mais comment le dos du cheval fonctionne-t-il aux différentes allures ? Et quels exercices agissent sur sa musculature ? 

Biomécanique en mouvement

Les différentes structures anatomiques du dos réagissent différemment selon l’allure à laquelle le cheval travaille. Mais comment le dos fonctionne-t-il aux 3 allures ?

Pas

Le pas est l’allure qui combine le plus de mouvements complexes au niveau vertébral, la plupart étant inexistants aux autres allures. Elle est dite longitudinale et en rotation axiale. L’amplitude du mouvement vertical est la plus grande par rapport au mouvement longitudinal et transversal. Mais il existe aussi un mouvement rotatoire important selon l’axe transversal. C’est surtout au pas que l’on peut observer une flexion/extension, une latéroflexion et une rotation des vertèbres thoraco-lombaires (Denoix J.-M. et Audigié F. 2013)

Cette allure sollicite la musculature profonde juxta-vertébrale : les exercices au pas sont donc un excellent travail proprioceptif, permettant de travailler et développer les muscles profonds et d’aider ensuite à prévenir les pathologies.

Trot

Le trot entraîne des mouvements de flexion-extension passifs en raison de l’inertie de la masse viscérale et du tonus des muscles superficiels du dos et de la paroi abdominale. Lorsqu’un cheval trotte, une extension thoracique se produit au moment de la moitié du soutien, puis en région thoraco-lombaire, et à la fin du soutien elle est au maximum dans la zone lombo-sacrale. Lors de la suspension, la flexion se fait dans le même ordre, pour finir avec une flexion lombo-sacrale maximale lors de l’engagement du postérieur. L’avancée des membres par diagonal provoque une latéroflexion du côté du membre antérieur à l’appui, une rotation du côté du membre antérieur et une rotation du sacrum à cause du postérieur (Denoix J.-M. et Audigié F. 2013)

À chaque posé de diagonale, les muscles abdominaux de la chaîne ventrale viennent rigidifier le dos pour éviter qu’il se creuse, et lui permettre de résister aux forces d’accélération de la masse viscérale qui tirent la colonne vertébrale vers le bas. Durant le temps de suspension, c’est les muscles de la chaîne dorsale qui vont permettre au dos de se rigidifier – pour éviter cette fois-ci que le dos ne s’arrondisse trop à cause de la masse viscérale qui pousse le dos vers le haut. En conclusion, au trot, le mouvement du dos est passif : c’est le posé des membres qui conditionne le mouvement du dos, et non l’inverse. Le cheval corrige le mouvement de la masse viscérale grâce à ses abdominaux et à ses muscles extenseurs.

Galop

Au galop, contrairement à l’allure de trot, ce sont les muscles du dos qui sont actifs, ils provoquent les mouvements de flexion-extension du tronc, en alternant la contraction des muscles extenseurs et fléchisseurs. Comme pour le pas, les mouvements de rotation sont aussi importants. Lors de la propulsion postérieure, il y a un mouvement de l’encolure qui s’abaisse et les muscles de la masse commune (erector spinae). Tous ces mouvements permettent l’extension du rachis. On peut observer un tassement des vertèbres et une tension du ligament supra-épineux. Cela rigidifie l’ensemble de la colonne et permet une utilisation maximale de la propulsion postérieure. Lors de la phase de suspension, on observe une montée de l’encolure avec un relâchement du ligament supra-épineux qui facilite une flexion thoraco-lombaire, et aussi une flexion lombosacrée qui permet l’engagement du postérieur (Denoix J.-M. et Audigié F. 2013).

Le galop est une allure plus naturelle pour le cheval. L’amplitude des mouvements longitudinaux étant supérieure aux autres allures, les mouvements du dos emportent la masse viscérale alors qu’au trot, le dos subit les mouvements des viscères. En conséquence, le trot n’est pas l’allure la plus adaptée pour le travail des chevaux avec des pathologies dorsales. Pour protéger le dos du cheval, il est intéressant de faire une détente au pas pendant 20 minutes, puis de galoper avant de commencer le travail au trot.

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Travail du cheval et musculature du dos

L’essentiel de la musculature du cheval se situe au niveau de l’encolure et du tronc. Le cheval a de très longs tendons, et n’a quasiment pas de muscle dans les membres : ce sont des corps musculaires fins et très réduits. Dans le travail quotidien du cheval, il est donc important de se focaliser sur les masses musculaires de l’encolure, du tronc et du haut des membres – épaule et hanche. Le cavalier / entraîneur n’a que peu d’action sur les extrémités distales, notamment au niveau des postérieurs en raison des mouvements “réflexes” : le cheval ne peut pas fléchir un grasset sans fléchir le jarret et le boulet.

Les chevaux sont des quadrupèdes, et sans gainage de la ligne ventrale, le dos ne peut pas fonctionner correctement, il est donc indispensable de renforcer la chaîne ventrale : pas d’abdominaux, pas de dos ! Un travail peut être réalisé en amont, notamment chez le jeune cheval, en stimulant le travail de ses muscles abdominaux, afin de commencer à avoir une sortie naturelle du garrot et de gainer avant de muscler. 

Plusieurs exercices, plus ou moins simples, existent pour développer cette musculature ventrale :

    • La mobilisation active au box. Par exemple, en demandant au cheval de descendre sa tête entre ses antérieurs – au niveau des genoux – à l’aide d’une carotte. 
    • Le travail à pied ou en longe. Avec un travail plus ou moins en dénivelé, ou à l’aide des nombreux dispositifs de barres au sol existants.
    • Le travail avec des transitions descendantes. Cet exercice permet de contracter les muscles afin de remonter le thorax, de contracter les abdos et d’étirer les muscles extenseurs – masse commune – du dos.
    • Le travail avec une encolure basse. Les ligaments vont se mettre en tension, et écarter les processus épineux, ce qui permettra un engagement plus important des postérieurs pour lutter contre la tension ligamentaire. Cet exercice a de nombreux bénéfices, notamment l’ouverture de la trachée et des voies respiratoires. Il doit cependant être réalisé avec une attention particulière, afin de ne pas surcharger les antérieurs, ce qui pourrait être source de pathologie.  
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CONCLUSION

La biomécanique du cheval en mouvement est un sujet complexe. L’analyse des structures anatomiques aux différentes allures permet d’évaluer la qualité du mouvement, et donc de la santé du cheval au travail. 

Au niveau du dos, il est essentiel de rappeler que l’assise de la chaîne ventrale est indispensable au fonctionnement harmonieux de la chaîne dorsale – “Pas d’abdos, pas de dos”. Afin de muscler au mieux cette chaîne ventrale, de nombreux travaux peuvent être effectués, aussi bien montés, qu’en main ou qu’à la longe. 

SOURCES :

IFCE (2019). Fonctionnement du dos du cheval et entraînement- Isabelle Burgaud. YouTube. Available at: https://www.youtube.com/watch?v=7rhsD35vQGc [Accessed 15 Jul. 2022].

Burgaud, I. et Genoux, N. (2019) « Dos du cheval : comprendre son fonctionnement pour mieux l’entraîner » , Équipédia, 24 septembre. Disponible sur : https://equipedia.ifce.fr/equitation/disciplines-olympiques/planification-de-lentrainement/fonctionnement-du-dos-du-cheval.

Miliotis, A. (2017) Approche et suivi ostéopathique du cheval infiltré : infiltrations de corticoïdes au niveau du dos. Mémoire.

Mots-clés: dos du cheval, musculature, diagnostic vétérinaire, locomotion équine, physiologie équine, EnvA, CIRALE