Nous avons eu la chance d’échanger avec le docteur Mathieu Lenormand, vétérinaire équin spécialisé en locomotion. Découvrez, à travers cet échange enrichissant, comment le Dr. Lenormand intègre et utilise EQUISYM dans son quotidien, et comment ces nouvelles technologies vétérinaires peuvent impacter positivement la pratique vétérinaire.
Pouvez-vous vous présenter s’il vous plaît ?
Je m’appelle Mathieu Lenormand, je travaille actuellement à la clinique de Conques. Je suis vétérinaire, diplômé de l’école vétérinaire de Liège, et principalement spécialisé dans les pathologies locomotrices. Pendant ma dernière année d’étude, je suis parti au Canada puis j’ai été en internat à l’école vétérinaire de Lyon.
Suite à ça, je suis revenu travailler ici avec mon père et avec un de mes collègues. D’autres confrères nous ont rejoint par la suite, ce qui a élargi l’équipe. J’ai ensuite racheté la structure de mon père et j’ai continué de la développer.
Comment avez-vous entendu parler d’Arioneo ?
J’ai découvert Arioneo au moment du développement, avec la découverte des capteurs EQUISYM. C’est un outil qui nous intéressait pour apporter un support au diagnostic, par rapport à ce que l’on a déjà au quotidien et à ce que peut apporter l’œil humain.
Comment intégrez-vous EQUISYM dans votre pratique quotidienne ?
On l’utilise de manière ponctuelle, ça reste un outil complémentaire dans le sens où chercher une symétrie parfaite chez les chevaux voudrait dire que l’on considère que le cheval est un être vivant parfait, or, nous savons pertinemment que cette supposition est fausse.
Il y a des chevaux qui fonctionnent de manière asymétrique, sur lesquels on peut effectuer des suivis longitudinaux pour avoir une photographie de la locomotion à l’instant T, ce qui nous permet de voir la moindre dégradation. Cela permet de détecter des troubles locomoteurs de manière plus précoce.
Toutefois, on va principalement s’en servir dans des pathologies locomotrices, où l’on est sûr que le cheval présente des irrégularités assez fines. On va s’en servir pour quantifier l’amélioration et notamment la réponse à nos anesthésies diagnostiques.
La plupart du temps, nous arrivons à voir les anomalies existantes, toutefois, certaines choses ne sont pas visibles à l’œil nu. Sur des irrégularités qui sont très fines, la difficulté majeure lorsqu’on fait des anesthésies diagnostiques tronculaires ou intra-articulaires, c’est de quantifier le degré d’amélioration. Or, avec les capteurs qui font une mesure mathématique et quantifient de manière binaire, on peut évaluer plus facilement l’amélioration obtenue.
Dans certains cas, cela va nous permettre de mieux cibler la réponse à notre anesthésie diagnostique sans le biais subjectif de l’œil humain.
Auriez-vous des cas concret à nous partager ?
J’ai eu des cas intéressants où nous avons pu avoir une vision complète et quantifiée du cheval par rapport au problème qui avait été imagé avec des imageries poussées du type scintigraphie, IRM. C’était intéressant de coupler le bilan global qui avait été fait avec l’examen locomoteur et l’anesthésie diagnostique.
J’ai eu un cas qui était passé en bilan locomoteur complet, que l’on avait envoyé au CIRALE, on avait donc un regard du référent européen, voire mondial. C’était donc intéressant d’avoir ce retour-là, d’avoir leurs observations cliniques et coupler avec la scintigraphie, l’IRM, ce qui avait été fait, d’utiliser EQUISYM pour quantifier et analyser en parallèle de ce qui avait été observé avec nos référents. Cela nous a permis d’avoir une analyse très aboutie du cheval.
Sur un cas plus simple, un cas typique du cheval d’endurance qui boite avec une intensité importante, à un instant donné, et que l’on voit plusieurs semaines après. À ce moment-là on observe une micro boiterie et nous sommes donc capables de quantifier. Dans l’observation analytique, je me suis rendu compte qu’EQUISYM était capable de voir une irrégularité sur le cercle mou que je n’étais pas capable de quantifier moi-même. Cela m’a permis de cibler une région particulière et d’établir un diagnostic. Est-ce que je l’aurais trouvé sans EQUISYM ? Je ne sais pas, mais ça m’a permis de gagner en efficacité et d’être tout de suite plus ciblé.
Quels sont les retours de votre clientèle ?
Le retour client est assez positif, surtout sur des utilisations ponctuelles, des cas précis, on s’en est servi plusieurs fois, et on a pu avoir vraiment des réponses très intéressantes.
Néanmoins, cela n’apporte pas toutes les réponses. Le capteur EQUISYM peut nous indiquer qu’il y a une boiterie sur tel ou tel membre, mais ne va pas pour autant nous dire d’où provient la boiterie exactement. Cet outil ne fait pas encore tout le travail à notre place et heureusement !
Que pensez-vous de l’intégration des technologies dans la pratique vétérinaire équine ?
Ce sont des outils importants et qui permettent évidemment d’avancer. Je pense qu’il faut les intégrer dans le monde du futur médical vétérinaire équin. Toutefois, il est important de ne pas oublier que l’on travaille avec des êtres vivants et non sur une analyse binaire. Il y a donc des informations pertinentes mais il faut être capable de faire un tri. Ne pas oublier que c’est le regard humain à la fin qui doit “éclairer l’ensemble” et permettre d’aller dans la bonne direction.
Quelle est votre vision du futur avec les technologies et les vétérinaires ?
Je ne pense pas qu’elle soit transformée par les outils connectés. En effet, mon outil principal reste mes mains, ma palpation, mes observations. Les outils connectés nous donnent une dimension supplémentaire. L’intérêt avec des analyses binaires, c’est qu’elles enlèvent le biais subjectif qui peut être lié à la palpation.
J’essaye de segmenter la partie statique et la partie dynamique de mon examen pour garder un regard neutre. Évidemment, EQUISYM, lui, va garder un regard neutre et il n’y aura de biais, c’est certain. Malgré tout, cela reste pour moi une analyse globale avec nos observations, la vision du cheval dans sa globalité sous la selle, avec le cavalier, la manière de travailler, etc.
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