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Optimiser la réparation osseuse est un point central pour limiter le risque de blessure. Soumis à une charge constante lors de l’effort, les os des chevaux athlètes développent des microfissures. Des périodes de repos adéquates post-lésionnelles sont capitales afin de permettre à la structure osseuse de se régénérer.

Quels sont les marqueurs temporels des phases de repos ? Quel type de protocole est le plus efficace ? Comment le monitoring peut aider à détecter la fatigue osseuse ?

Les marqueurs temporels de repos

Lorsque le cheval est soumis à une succession répétée de traumatismes supérieure à ce que ses os sont capables de tolérer, l’os est fragilisé et produit des microfissures. Il a été constaté que la durée de repos est souvent trop courte pour permettre aux os de se rétablir complètement de ces dommages. En effet, ces périodes de repos étant trop justes, ces dernières s’accumulent et grandissent. Une partie parvient à en guérir quelques-unes, mais l’entraînement ajoute de nouvelles microfissures, comme l’illustre le schéma ci-dessous.

Augmenter la durée des périodes de repos

Dans l’idéal, cette durée de repos devrait être allongée, afin de permettre aux os de se reconstruire entre chaque période d’entraînement, et de ne pas accumuler davantage de microfissures.

Augmenter la fréquence des périodes de repos

Si la durée ne peut être allongée, une alternative serait d’augmenter la fréquence de ces périodes de repos, de manière à empêcher que le niveau de microfissures ne dépasse un certain seuil. 

À noter : Les durées de repos dépendent de l’intensité et de la durée des périodes d’entraînement. Si votre cheval a des périodes d’entraînement très intenses, alors ses périodes de repos devront avoir besoin de plus de temps pour récupérer qu’un cheval produisant des efforts moins intenses.

Enquête : corrélation entre les périodes de repos et le risque de blessure

Une enquête a été réalisée auprès de 66 entraîneurs Australiens, afin de tester la corrélation entre leur choix de méthode de repos et le taux d’augmentation de blessure sur des chevaux de 2 ans.

Cette enquête permet de démontrer que la manière qui semble la plus efficace de réduire le taux de blessure est d’augmenter la fréquence des périodes de repos.

Par temps de repos court, nous considérons une période de 6 semaines ou moins. 

Un temps de repos plus long ne semble pas convenir car il s’agit ici de chevaux de 2 ans. En effet, étant dans une phase de croissance, leur squelette doit s’adapter à la charge de travail. Si le squelette n’est pas suffisamment sollicité, il ne peut y parvenir et se construire correctement. De plus, étant jeune, une courte période de repos suffit car leurs os ont la capacité de récupérer plus facilement que des chevaux plus âgés. 

En effet, les chevaux de 3 ans par exemple, ont subi plus de dommages et ont une moins bonne récupération. Ils ont donc besoin de davantage de temps pour favoriser le renouvellement osseux.

Découvrez-en plus sur la réponse des os à la charge de travail dans cet article.

Instauration de protocoles d’entraînement et de repos

La répartition des périodes d’entraînement et de repos ont un impact significatif sur le taux de renouvellement de la structure osseuse. Observons les effets de ces 3 programmes sur ce taux.

Premier protocole :  standard 

  • 2 x 20 semaines d’entraînement
  • 2 x 6  semaines de repos

Deuxième protocole : prolongation de la période de repos d’une semaine 

  • 2 x 19 semaines d’entraînement
  • 2 x 7  semaines de repos

➡️ Augmente le taux de renouvellement des os avec +5.4% pour le condyle latéral et +3.4% pour le sillon parasagittal.

Troisième protocole : prolongation de la période de repos de deux semaines 

  • 2 x 18 semaines d’entraînement
  • 2 x 8  semaines de repos

➡️ Augmente le taux de renouvellement des os avec +12.0% pour le condyle latéral et +7.4% pour le sillon parasagittal.

On constate donc qu’une semaine de différence dans un protocole de repos et d’entraînement peut avoir une différence significative sur la capacité du squelette du cheval à récupérer. Il est donc important de prendre en considération dans la construction du programme d’entraînement des phases de repos suffisamment longues de manière à permettre cette reconstruction

Monitorer pour réduire le risque de blessures

Repérer les signes de fatigue osseuse

Les chevaux ne parlent pas, mais une observation courante et précise de tout changement peut nous permettre de détecter des signes de problèmes par rapport à leur système osseux.

  • Changement de comportement
  • Baisse de performance
  • Subtile changement des foulées

La première réaction face à ces signaux doit être la baisse de l’intensité d’entraînement, de manière à permettre au squelette de récupérer. Bien sûr, ils ne sont pas forcément signe d’un problème osseux, mais ce type de blessure reste majoritairement le plus courant. Les blessures osseuses ne sont pas les seules, mais reste la cause principale de ce type de changement chez le cheval.

La détection précoce de la fatigue osseuse reste cependant difficile. 90 % des décès de ce type de fracture ne présentaient aucune anomalie lors de l’examen vétérinaire précédant la course. 

Prévenir grâce au monitoring

Réussir à diagnostiquer la douleur avant qu’elle ne se transforme en blessure est l’un des principaux objectifs d’EQUIMETRE. Le suivi des valeurs de régularité, de cadence et d’amplitude permet un suivi longitudinal et une analyse complète de la fréquence cardiaque. Établir un suivi régulier des chevaux permet d’obtenir  des données de référence pour chaque cheval et un historique de données intéressant.

Par exemple, une fréquence cardiaque anormalement élevée, comme sur l’exemple ci-dessous, peut  indiquer une douleur ou une récupération inhabituellement mauvaise. De plus, l’analyse des données de mouvement (cadence et amplitude) constitue le point de départ de la détection des fractures de fatigue. L’observation d’une anomalie dans les données peut être un signe avant-coureur de boiterie, avant-même de pouvoir le détecter à l’œil nu. 

Exemple de données d’entraînement issues de la plateforme EQUIMETRE pouvant suggérer une douleur à l’échauffement

L’utilisation du monitoring durant la phase de repos permet également d’établir un suivi rigoureux de l’évolution de la guérison. La combinaison de connaissances vétérinaires et de technologies de pointe est le socle d’une prise en charge optimale, visant à minimiser les risques de rechute et à favoriser un retour réussi à l’entraînement.

Conclusion

En conclusion, la réparation osseuse chez les chevaux revêt une importance cruciale pour leur bien-être et leur performance. Les périodes de repos adéquates sont essentielles pour favoriser une guérison optimale. L’approche quantitative et objective du monitoring permet de minimiser les risques de rechute, préservant ainsi la santé et la longévité des chevaux.

SOURCES :

Webinar animé par le Prof. Chris Whitton

How to avoid injuries in horses? Training practices based on evidence (2023). ARIONEO. 20 April. Available at: https://www.youtube.com/watch?time_continue=1690&v=A_dIUH1GIg4&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fvet.arioneo.com%2F&source_ve_path=MTI3Mjk5LDI4NjYzLDEyNzMwMSwyODY2MywxMjczMDAsMjg2NjMsMTM3NzIxLDEyNzI5OSwxMjcyOTksMjg2NjMsMTI3MzAxLDM2ODQyLDIzODUx&feature=emb_title (Accessed: 20 September 2023). 

Mots-clés : répération osseuse, repos, entraînement, microfissures