Le surentraînement se caractérise par un déséquilibre entre l’activité d’entraînement et les périodes de récupération, se traduisant par une fatigue chronique et des performances altérées, souvent associées à des modifications physiologiques et psychologiques. Le surentraînement résulte d’une combinaison de stress physique et psychologique. Les sources de stress physique comprennent l’entraînement, les facteurs environnementaux et la nutrition. De ce surentraînement, peut résulter une contre-performance, une perte de résultats du cheval. Un suivi quasiment quotidien permet une prévention, et la détection de signaux faibles afin d’éviter des accidents.
Comment faire le lien entre surentraînement et contreperformance ? Quelles sont les causes de contre-performance provoquées par le surentraînement ? Quels sont les symptômes associés à la contreperformance ? Quel impacts ces syndrômes ont-ils sur le cheval et quelles sont les mesures préventives à adopter ?
Si l’investigation de la contre-performance chez le cheval de course vous intéresse, nous vous conseillons de lire cet article.
Le lien entre surentraînement et contre-performance
On évoque le surentraînement lorsque la période de récupération est prolongée et que la fatigue persiste pendant plusieurs semaines. Cette condition, se manifeste par une diminution des performances et des symptômes associés, incluant des aspects somatiques, psychosomatiques, endocriniens et immunologiques. D’après (P.Pilardeau (1976)) Le surentraînement, qu’il soit d’ordre physique ou psychologique, est en relation directe avec l’hypothalamus. Les manifestations cliniques observées, telles que les perturbations du sommeil, de l’appétit, le stress, la fonte musculaire, l’épuisement énergétique, et la tachycardie, ont leur origine dans les dysfonctionnements de l’hypothalamus et les messages hormonaux qui en découlent.
Une recherche menée en 1999 par Tyler et al., portant sur 13 trotteurs américains, a révélé que le surentraînement se manifeste principalement par une réduction de la durée pendant laquelle le cheval parvient à maintenir son effort.
Le surentraînement se développe de manière progressive, comme en témoigne cette étude, où la réduction du temps pendant lequel le cheval peut soutenir son effort est observée à partir de la 26e semaine. Même avec une diminution de l’intensité et de la fréquence d’entraînement à partir de la trente-deuxième semaine, les performances continuent de se détériorer, ce qui mène à une contre-performance du cheval induite par le surentraînement.
De ce surentraînement résulte donc une contre-performance, une suite logique en réponse à la fatigue, à la demande trop intense d’exercice et à la mauvaise récupération. Dans ces syndromes de contre-performance et de surentraînement, des similitudes notables entre l’homme et le cheval sont régulièrement soulignées par certaines études, mettant en corrélation les manifestations de contre-performance avec le surentraînement dans les deux cas.
Les causes de la contre-performance provoquée par le surentraînement
Les causes du surentraînement peuvent être classées en 2 catégories :
- Le surentraînement mécanique : les tissus musculo-squelettiques ne peuvent pas répondre aux demandes accrues d’entraînement.
- Le surentraînement métabolique : un déséquilibre entre l’entraînement et la période de repos peut entraîner une dysfonction des systèmes centraux avec des changements possibles de comportement.
Différents facteurs sont impliqués lorsque l’on parle de surentraînement, l’accumulation de stress (avec une augmentation du cortisol) à l’entraînement par exemple est une des causes principales. Un stress trop important lors de l’entraînement du cheval peut avoir un impact à long terme sur sa capacité de performance. D’après (S.Le Gal (2012)) Le stress d’entraînement doit être judicieusement dosé pour stimuler l’adaptation, mais s’il est trop sévère, il peut entraîner une “mal adaptation” et une diminution des performances au fil du temps.
L’origine du surentraînement peut varier en fonction de l’exercice, avec diverses sources potentielles telles que le stress ou la douleur.
Médecine évolution phylosophie – Origine du surentraînement
On peut introduire différents paramètres dans le domaine de recherche du vétérinaire dans l’analyse de contre-performance :
“Le suivi médico-sportif du cheval de concours de saut d’obstacles : prise en charge de la carrière sportive” Arnaud LEHN
Concernant les facteurs intrinsèques, différentes études menées sur des chevaux de course (Couëtil & Denicola 1999, Van Erck et al. 2006) se sont intéressées à l’examen cytologique du prélèvement de lavage broncho-alvéolaire et ont conclu à une incidence majeure des pathologies subcliniques touchant l’appareil respiratoire profond.
D’après des statistiques recueillies au Centre de Médecine Sportive de Liège concernant 345 chevaux référés pour contre-performance : 86% sont dû à des pathologies respiratoires, dont 32% pour l’appareil respiratoire supérieur et 54% pour l’appareil respiratoire profond.
https://www.lacompagniedesanimaux.com/conseil-veterinaire/tout-savoir-sur-la-toux-du-cheval.html
L’appareil respiratoire n’est pas le seul responsable de la contre-performance des chevaux, des études menées par (Morris & Seeherman 1991 et Martin et al. 2000) ont déterminé que la première cause de contre-performance et d’intolérance à l’effort est la pathologie musculo-squelettique. Un programme de travail reproductible et attentif, intégrant des niveaux de stress variés tout en assurant une activité adéquate pour favoriser un développement cardiovasculaire optimal, permettra d’obtenir les meilleurs résultats tout en réduisant le risque d’ulcères gastriques et de douleurs musculo-squelettiques.
Il faut également citer les pathologies de la locomotion comme cause de la contre-performance, car la boîterie est la première cause de contre-performance chez le cheval de sport (Bathe 2008). Ces boîteries peuvent résulter d’un entraînement trop intensif et donc d’un surentraînement.
Quant aux facteurs extraséques, on peut bien sûr évoquer les causes de contre-performance qui sont dûes à l’environnement, l’alimentation, le programme de travail et l’entraînement. Le surentraînement en fait donc partie. Certaines pathologies sont donc liées au mode de vie du cheval et sont modifiables directement par l’humain.
Les symptômes associés :
Le surentraînement se manifeste initialement par une baisse des performances, même en maintenant le niveau d’entraînement. De plus, une période de repos de 11 jours à 3 semaines ne conduit pas à une amélioration des performances, permettant ainsi de distinguer le surentraînement d’une mal adaptation temporaire.
L’un des témoins les plus précoce est la perte de poids, d’après l’étude de (Tyler et al. présentée plus haut), car elle est survenue 3 semaines avant la baisse de performance. Le changement de comportement est également un bon indicateur de surentraînement, avec une irritabilité et une réticence au travail, mais les signes de perturbations peuvent être divers et variés : morsure des harnais, coup de tête, désobéissances….
Cela peut se traduire par une diminution du niveau de performance du cheval, en supposant que le niveau antérieur était acceptable à ce stade de l’entraînement. En second lieu, il peut y avoir une intolérance à l’effort, caractérisée par une chute significative du niveau de performance habituel et une incapacité à suivre un entraînement d’intensité similaire à celle utilisée auparavant. Enfin, l’incapacité à concourir au niveau attendu peut avoir diverses raisons, notamment un cheval qui n’a pas encore confirmé ses capacités et dont le potentiel a été surestimé, des attentes basées sur des critères physiques, génétiques, ou encore un niveau d’entraînement insuffisant.
Les impacts de ces syndromes sur le cheval et les mesures préventives à adopter
Les indicateurs importants à prendre en compte pour éviter un surentraînement sont : la fréquence, l’intensité et la durée de l’exercice ainsi que de la période de récupération. Le temps passé au paddock, et les voyages internationaux peuvent également jouer un rôle dans le surentraînement des chevaux de sport.
L’importance du temps de récupération est primordiale dans l’entraînement du cheval. Entre récupération active et passive, il faudra mettre en place de bonnes pratiques pour éviter le surentraînement et une réaction excessive du corps du cheval à la fatigue et aux lésions musculaires.
Chez le cheval de sport, le suivi se fait principalement sur l’appareil locomoteur. Les systèmes cardiaque, respiratoire et digestif font également l’objet d’une consultation vétérinaire à chaque fois, mais l’attention se porte particulièrement sur l’examen orthopédique dans le cadre d’une baisse de performance.
Avec les années, la technologie s’est développée est devient un atout majeur dans le suivi vétérinaire. L’oeil expert du vétérinaire couplé à des données chiffrées ou imagées permet un examen efficace et complet. Dans le cas de chevaux ayant une activité physique régulière et des entraînements récurrents, le suivi vétérinaire se fait à minima une fois par semaine.
Au même titre qu’une boîterie, c’est la détection précoce qui permettra de garder le cheval au travail dans de bonnes conditions et de limiter ou éviter l’apparition de séquelles.
Afin d’éviter la contre-performance chez le cheval, il faut mettre en place un système de prévention en amont. L’utilisation du corps du cheval pendant un entraînement est bien plus intense que lors d’un examen locomoteur traditionnel. Les contraintes exercées sur l’organisme dépassent les tests fonctionnels conventionnels, offrant ainsi à un praticien expérimenté la possibilité de détecter des anomalies dans le geste sportif ou d’autres défauts locomoteurs, souvent responsables de contre-performances. Il est intéressant d’introduire l’utilisation du monitoring, qui permet d’analyser les performances du cheval durant le travail et donc pendant un exercice physique intense. Notre solution Equisym, est un outil adapté aux problématiques vétérinaires de ce type, conçu pour assister quotidiennement les vétérinaires dans le diagnostic des asymétries locomotrices.
Equisym permet une quantification objective de la locomotion avec une vision globale (boîteries complexes et multiples, visualisation des données cinématiques synchronisées à la vidéo), dans le cadre d’un travail de prévention et de suivi. Equisym permet l’analyse de la locomotion dans les trois allures, afin d’étudier le déplacement du cheval dans sa globalité.
Dans l’exemple ci-dessous, on peut constater une dégradation de la locomotion dans le temps. Chaque courbe correspond à un examen locomoteur réalisé à un mois d’écart et figure l’élévation du garrot au posé de chaque diagonale au trot.
Données issues de la plateforme Equisym.
Un autre moyen de monitoring à disposition pour quantifier et détecter le surentraînement et la contre-performance est le monitoring grâce à Equimetre.
Equimetre permet de quantifier le rythme cardiaque, que l’on peut observer avant, pendant et après l’entraînement afin de suivre les courbes et visualiser si la récupération du cheval est optimale ou s’il faut travailler dessus. C’est un bon indicateur de santé du cheval qui appuie le regard du vétérinaire et qui permet un suivi quotidien et préventif. Outil dédié à la gestion de la santé équine, il aide au diagnostic, à la détection de pathologies, à la prévention et au suivi. Grâce à un ECG complet, c’est un réel atout pour le vétérinaire.
Dans l’exemple ci-dessous, la récupération est mauvaise et constitue un signal d’alerte pour le vétérinaire qui peut notamment faire appel à une analyse d’ECG pour son diagnostic.
Données issues de la plateforme Equimetre.
Enfin, effectuer régulièrement un test à l’effort permet d’appliquer une intensité d’effort qui sollicite l’organisme, tout en la maintenant en deçà du niveau de compétition. Un test à l’effort constituera alors un exercice parfaitement comparable afin de suivre les indicateurs pertinents pour détecter des baisses de forme avant l’apparition des syndromes de surentraînement.
Conclusion
Le surentraînement constitue l’une des principales causes de contre-performance chez le cheval athlète, engendrant des répercussions diverses à la fois sur le plan technique et économique. Il découle d’un déséquilibre entre le stress engendré par les charges d’entraînement et les capacités d’adaptation et de récupération du cheval.
La technologie et le suivi rigoureux des paramètres cardiaques, locomoteurs et respiratoires présentent des opportunités intéressantes pour prévenir la contre-performance chez le cheval athlète.
SOURCES :
- EQUINE VETERINARY JOURNAL Equine vet. J. (2008) Unexplained underperformance syndrome in sport horses: Classification, potential causes and recognition. In : Equine Veterinary Journal Equine Vet.J. 40 (6) 611-618 doi: 10.2746/042516408X299118
- C M McGowan and D J Whitworth (2008). Overtraining syndrome in horses. Comparative Exercise Physiology, 5, pp 57-65 doi:10.1017/S1478061508979202
- C. Amato1 , P. Nguyen2 et B. Siliart3 (2013) Le surentraînement chez le cheval : approche endocrinienne – Ecole Nationale d’équitation – Le Cadre Noir- Saumur
- Arnaud Lehn (2011) Le suivi médico-sportif du cheval de concours de saut d’obstacles : prise en charge de la carrière sportive – Thèse d’Etat de Doctorat Vétérinaire – Lyon
- Céline ROBERT (2021) – Le suivi médico sportif du cheval à l’entraînement – Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort – INRAE, Equipe de Biologie Intégrative
- Le Gal, Sandrine. Surentraînement du cheval : quel peut être l’apport du suivi de la leptinémie ? Thèse d’exercice, Médecine vétérinaire, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse – ENVT, 2012, 59 p.
Mots clés : surentraînement, contre-performance, equimetre, equisym, récupération, stress
crédit photo: @EleonoreGroux