“Pas d’abdos, pas de dos”.
Pour être en bonne condition physique, le cheval doit être musclé correctement, et le travail de sa musculature dorsale – et de ses abdominaux – est un élément essentiel.
Chez le cheval, les mouvements de l’encolure et du tronc sont variables selon les endroits, notamment du fait des limites anatomiques présentent au niveau de son squelette. La peau, les muscles, les ligaments… tous ces éléments impactent le mouvement de son dos. Mais d’autres facteurs, bien qu’ils soient moins évidents, influencent le fonctionnement du dos.
Pour comprendre au mieux le fonctionnement du dos du cheval, il est essentiel de parler des différentes structures anatomiques intervenant dans la biomécanique du dos – et de l’encolure – du cheval. Mais quelles structures anatomiques interviennent dans le mouvement du dos ?
L’épiderme : la peau du cheval
La peau du cheval a la particularité d’être très adhérente aux structures sous cutanées. C’est à l’origine une adaptation à la course, et à la transmission des forces : de nature, le cheval à besoin de fuire rapidement s’il est face à un prédateur. Quand un cheval part au galop de manière précipitée, lorsqu’il engage ses postérieurs, une mise en tension va s’opérer au niveau de la peau, qui va transmettre les forces jusqu’à la région de la nuque.
Les différentes couches de muscles
La musculature para-vertébrale superficielle, qui correspond aux muscles longs et puissants. Appelés également muscles de gymnastique, ils sont à l’origine des grands mouvements. Par exemple, le muscle brachio-céphalique, qui relie la nuque au bras, permet de mobiliser la tête par rapport aux membres antérieurs, et inversement. Au niveau du dos, la masse commune, partant des dernières cervicales jusqu’au bassin, permet la transmission des forces de l’arrière-main vers l’avant-main.
La musculature juxta-vertébrale profonde correspond aux petits muscles ayant gardé leur aspect méta métrique : ils vont venir gainer – englober – deux à trois vertèbres successives. Très innervés, ces petits muscles sont remplis de récepteurs proprioceptifs. Ils sont donc très sensibles à toutes les variations d’appui et de mouvement. Cette innervation proprioceptive très riche permet le réajustement vertébral permanent. Cette couche musculaire joue un rôle essentiel dans la contention et la stabilité des articulations intervertébrales. Le travail de ces muscles est fondamental car ils vont venir gainer le squelette du cheval, le préserver des traumatismes et protéger la colonne vertébrale contre les faux mouvements.
Les muscles superficiels, composés de la chaîne ventrale et de la chaîne dorsale : ces deux chaînes travaillent constamment en parallèles.
La chaîne dorsale est composée de muscles extenseurs, situés au-dessus de la colonne vertébrale, allant de la tête jusqu’au bassin, puis derrière le fémur. Ce sont des muscles dits pairs – situés à gauche et à droite de la colonne vertébrale – qui, lorsqu’ils se contractent, lèvent la tête du cheval et creusent son dos.
La chaîne ventrale est composée de muscles fléchisseurs, situés au-dessous de la colonne vertébrale. Ils partent des cervicales, viennent entourer le thorax (le cheval n’ayant pas de clavicule, les muscles fléchisseurs vont permettrent de faire le lien entre le tronc et son épaule) et continuent jusqu’aux abdominaux, avec les muscles transverses, obliques… qui soutiennent la cavité abdominale. Quand cette chaîne se contracte, le cheval est en flexion : le dos s’arrondit, le garrot remonte et les postérieurs s’engagent sous la masse.
Le système ligamentaire
Élément fondamental du fonctionnement biomécanique du cheval, le système ligamentaire du dos lui permet de baisser la tête – par exemple pour brouter de l’herbe dans la nature – sans avoir besoin de faire fonctionner ses muscles lorsqu’il est statique – et d’avoir une tenu du dos. Ils sont mis en tension lorsque le cheval est travaillé la tête en bas, ce qui entraîne une cohésion entre avant-main et arrière-main, faisant remonter le dos. Le travail tête en bas correspond donc à une flexion de cervicale basse ou stretching des muscles extenseurs.
Ligaments nuchal et supra épineux, placés au-dessus de la colonne vertébrale, il sont constitués de lames ligamentaires venant s’insérer sur les processus épineux de chacune des vertèbres cervicales. Le ligament vient ensuite se fixer sur tous les processus épineux du dos du cheval, jusqu’au niveau du sacrum.
La colonne vertebrale
La colonne vertébrale est composée de 7 vertèbres cervicales, 18 vertèbres dorsales/thoraciques, 6 vertèbres lombaires, 5 vertèbres sacrées et 15 à 21 vertèbres coccygiennes/caudales. L’ensemble des vertèbres sont reliées entre elles via des disques intervertébraux, des articulations, des ligaments et des muscles.
Selon les régions de la colonne vertébrale, la mobilité et les possibilités de mouvement sont différentes :
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- La région cervicale est très mobile. Le cheval peut déplacer sa tête vers la gauche et vers la droite, mais aussi vers le haut ou vers le bas.
- La région thoracique a une mobilité réduite, surtout au niveau des 8 premières côtes fixées au sternum – de D1 à D8 – qui ne permettent pas d’avoir une grande amplitude de mouvement.
- La région thoraco-lombaire est zone très mobile, grâce aux côtes flottantes qui sont beaucoup plus courtes. Cette région est sensible chez le cheval, car elle est souvent sollicitée et se fatigue donc plus vite.
- La région lombaire est la zone la moins mobile en incurvation, en raison des gros processus transverses présents au niveau des vertèbres lombaires, qui sont très larges et plats et qui ne peuvent pas se chevaucher.
- L’articulation lombo-sacrée est quant à elle très mobile, et spécialisée dans la flexion-extension. Elle permet un fort engagement des postérieurs sous la masse et une forte propulsion vers l’arrière – mais offre peu de mobilité latéro-flexion.
Le système digestif
Le système digestif est un élément impactant fortement le mouvement du dos. La masse viscérale, très lourde et fixée essentiellement sous la colonne vertébrale lombaire, tire la colonne vertébrale vers le bas. C’est d’ailleurs cet unique point de fixité qui est à l’origine des coliques ou encore des torsions, car, n’étant pas fixée sur les côtés, la masse viscérale peut se déplacer aisément. Les viscères conditionnent donc la locomotion du cheval, et particulièrement à l’allure du trot.
Conclusion
L’anatomie et la biomécanique du dos du cheval est un sujet des plus intéressants. Véritable pont reliant l’arrière-main à l’avant-main, cette zone permet aux chevaux de galoper à grande vitesse, de fléchir l’encolure ou encore de sauter des obstacles.
La bonne condition physique d’un cheval dépend de sa musculature dorsale. Soumis à des contraintes mécaniques, de nombreux exercices permettent ainsi de renforcer et d’assouplir le dos.
SOURCES :
IFCE (2019). Fonctionnement du dos du cheval et entraînement- Isabelle Burgaud. YouTube. Available at: https://www.youtube.com/watch?v=7rhsD35vQGc [Accessed 15 Jul. 2022].
Burgaud, I. et Genoux, N. (2019) « Dos du cheval : comprendre son fonctionnement pour mieux l’entraîner » , Équipédia, 24 septembre. Disponible sur : https://equipedia.ifce.fr/equitation/disciplines-olympiques/planification-de-lentrainement/fonctionnement-du-dos-du-cheval.
Mots-clés: dos du cheval, musculature, épiderme, système ligamentaire, colonne vertebrale, système digestif, diagnostic vétérinaire, locomotion équine, physiologie équine, EnvA, CIRALE