Notre équipe a eu la chance de discuter avec Valérie de Picciotto, vétérinaire équin, à propos de sa première expérience EQUISYM. Découvrez à travers l’histoire d’Arion, comment le système a été utilisé pour établir le diagnostic mais également pour quantifier les résultats du traitement et mettre en place un suivi longitudinal poussé de la locomotion.
Pour avoir les résultats des différents examens, vous pouvez dès maintenant télécharger les données associées à ce cas pratique.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Valérie de Piciotto, vétérinaire équine itinérante, travaillant sur le quart Nord-Ouest de la France, dans deux principaux secteurs : la région parisienne en semaine et les Pays de Loire pendant les week-ends et les vacances scolaires. Mon activité se divise entre trois pôles : la médecine, la dentisterie – soins dentaires et stomatologie – et la physiothérapie – performance sportive et pathologies diverses.
Dans le cadre de mon activité, j’ai été contactée par une cavalière amateure ayant un cheval de huit ans avec une amyotrophie de la fesse droite. Elle se questionnait également sur l’équilibre dentaire de son cheval, et la qualité des soins précédemment reçus. Nous avons donc fait le point sur ces deux éléments.
1. L’examen clinique de locomotion
Après la première examination du cheval, quelles ont été vos conclusions ?
Dans un premier temps, nous n’avons pas trouvé de défauts majeurs au niveau de la bouche, excepté un léger blocage des tables maxillaires droite et gauche sur les sixièmes, corrélé avec des fonds de bouche en mandibulaire, en rampe. Cela implique des contraintes de rétraction mandibulaire bilatérale avec des articulations temporo-mandibulaires légèrement réactives, un peu tendue et un peu douloureuse.
Concernant l’examen locomoteur, nous avons procédé de manière classique, avec un premier examen statique au box, qui a révélé un dos complètement immobile mais à priori pas douloureux. On a également pu noter des douleurs cervicales, plus marquées en cervicales basses à droite et en cervicales moyennes à gauche. De l’autre côté du rachis, les sacro iliaques étaient très peu mobiles, et le postérieur gauche était mobile en pro traction mais assez compliqué à mettre en rétraction, alors qu’on avait la situation inverse sur le postérieur droit : un postérieur qui avait facilité à la rétraction mais rechignait à la pro traction.
La première impression était donc un bassin un peu en rotation, hanche gauche devant.
Et concernant l’examen dynamique ?
nuNous avons réalisé l’examen dynamique à la suite, durant lequel nous avons utilisé EQUISYM afin de quantifier la locomotion du cheval. Après avoir placé les capteurs, nous avons réalisé l’examen clinique classique suivant :
– Huit de chiffres au pas
– Cercle au pas – sol dur – aux deux mains
– Cercle au trot – sol dur – aux deux mains
– Cercle au trot et au galop – sol mou – aux deux mains
– Ligne droite au trot – allers retours
– Flexion des quatres membres
De mon côté, je m’attendais surtout à voir une locomotion postérieure droite défectueuse, j’ai d’ailleurs constaté des défauts d’engagement et de propulsion. De manière générale, le principal défaut était l’immobilité dorsale, couplée à un retard à l’engagement postérieur droit à main gauche – au trot et au galop – sur sol mou, ainsi qu’une moindre propulsion au postérieur droit sur les cercles – sol mou en particulier. Le cheval montrait quand même un inconfort sur le sol dur, avec la tête facilement à l’extérieur sur les cercles.
Sur les données EQUISYM collectées, lors des lignes droites et des flexions, nous avons découvert une positivité de l’antérieur droit, qui pour moi avait été invisible à l’œil nu. J’ai eu des doutes par moments pendant l’examen, le cheval étant assez tendu, tête à l’extérieur du cercle, mais je n’avais pas noté de franche boiterie antérieure droite par ailleurs. Cette asymétrie de l’antérieur droit est vraiment un élément qu’EQUISYM a révélé, de manière très claire. Nous avons pu avoir une lecture analytique du déplacement vertical des différents segments du cheval qui nous a souligné les deux problèmes dominants de ce premier examen : le latéral droit.
Après ce diagnostic, quels ont été les soins apportés ?
Concernant la bouche, nous avons fait un profilage dentaire, et pour la locomotion, nous avons fait un soin laser global. Ça fait plus d’un an maintenant que j’utilise la thérapie laser avec beaucoup d’intérêt, elle représente une alternative aux soins classiques qu’on propose au système articulaire, comme l’infiltration par exemple. Le laser permet aussi d’obtenir des résultats intéressants en physiothérapie, sans pour autant avoir d’effets secondaires médicamenteux ou risquer des périodes de doping qui peuvent mettre les chevaux en porte à faux par rapport à leurs performances sportives.
La cavalière m’avait également transmis le dossier médical du cheval, qui faisait état d’une desmite d’insertion du suspenseur postérieur droit, légère, qui avait été traitée par une infiltration locale, un an et demi plus tôt, et qui était restée asymptomatique depuis.
Nous avons donc apporté du confort sur les ATM, l’os Hyoïde et les masséters, nous nous sommes focalisés sur des points articulaires vertébraux. Le cheval a reçu un soin laser des espaces inter épineux et de la musculature dorsale, des sacro iliaque et sacro coccygienne, et également au niveau de l’insertion du suspenseur postérieur droit.
2. Soins et suivi longitudinal
Quels résultats avez-vous pu constater ?
Nous avons revu le cheval dix jours plus tard. La flexion antérieure droite n’était plus positive, bien que légèrement douteuse tout de même, mais nous avions au contraire une forte positivité à l’antérieur gauche. Je trouvais ça anormal qu’un jeune cheval ait des positivités erratiques sur les antérieurs, j’ai donc pensé à un souci de type dégénératif.
Ce cheval étant par ailleurs déferré, et travaillant pieds nus, nous avons demandé à un confrère de réaliser des clichés face et profil des pieds. Ces derniers n’ont rien révélé d’anormal dans la structure osseuse, mais un défaut d’aplomb avec un talon trop haut et donc un appui trop important en pince. Nous avons donc procédé à un léger parage des talons, pour essayer de les corriger. Sur les radios, en mesurant les degrés d’angle, j’ai pu conclure que l’antérieur gauche avait un angle un peu supérieur à l’antérieur droit, ce qui a été corrigé depuis.
Le cheval s’est rapidement amélioré dans son posé de pied selon sa cavalière, mais 48h plus tard, elle constate qu’il était engorgé, et s’inquiète de sa locomotion.
Et lors de la troisième séance ?
Nous avons revu le cheval pour un troisième soin laser. À cette occasion, nous avons passé une échographie des tendons pour s’assurer de l’état des structures tendineuses, en particulier du fléchisseur profond, qui risquait d’avoir été mis en contrainte à cause du parage. Nous n’avons pas constaté d’anomalies de ce côté-là.
Nous avons donc réalisé un soin laser à visée cicatriciel tendineuses, en préventif, en plus du soin laser habituel, à l’exception des points musculaires dorsaux qui n’ont pas été faits lors de cette troisième séance.
Nous avons ensuite fait un nouvel examen avec EQUISYM avant la quatrième séance, sur lequel nous avons pu constater que l’amélioration de la mobilité dorsale était moins notable que celle précédant la troisième séance. Le cheval a donc été moins réceptif au soin, en relation probablement avec son changement d’aplomb, et l’absence des soins musculaires spécifiques lors de la troisième séance de laser.
Avez-vous pu constater des changements dans la locomotion du cheval, notamment au travail ?
Après cet examen, le cheval est allé en concours et ses résultats ont été positifs par rapport à ses objectifs sportifs. Il s’est comporté de façon satisfaisante, et en comparant le tour avec des vidéos antérieures au soin laser, j’ai pu constater un meilleur fonctionnement général, en particulier sur son passage de dos, ainsi que de postérieurs, qui étaient beaucoup plus articulés.
Quelles ont été les étapes suivantes ?
Lors du cinquième rendez-vous nous avons de nouveau équipé le cheval avec EQUISYM, afin de réévaluer finement sa locomotion. Nous avons réalisé un examen complet, avec acquisition de toutes les données, flexions comprises. Les données nous ont permis de constater une bien meilleure symétrie locomotrice, malgré une persistance du déficit sur le postérieur droit. Les deux flexions antérieures étaient négatives, ce qui est un élément de satisfaction pour moi.
3. Une première expérience EQUISYM
Pourriez-vous nous parler de votre première impression EQUISYM ?
EQUISYM prend vraiment tout son sens et son intérêt dans la finesse des lectures d’examen, car il est très complexe d’évaluer, à l’œil nu, et à quelques millimètres près, le défaut de charge d’un postérieur entre les deux mains. Dans ce cas concret, à l’œil nu, j’ai sous-estimé la dissymétrie du cheval, alors qu’EQUISYM la révèle clairement.
Concernant le suivi des soins de physiothérapie apporté, je trouve qu’il est très plaisant d’avoir une quantification chiffrée, de ce que nous avons l’impression de voir à l’œil nu. Pour reprendre l’exemple ce jeune cheval, concernant l’évolution de la mobilité passive du dos, et dans une moindre mesure la mobilité active du dos au galop, nous avons pu commencer à voir un embryon de flexion de bassin. La tension dorsale se répercute plus en avant vers le garrot, et le cheval s’articule beaucoup plus. Au cours des examens cliniques, nous avons pu constater qu’il descendait de plus en plus la tête vers le sol, pendant de longue période au trot, avec une belle mobilité du dos, ce qu’il ne faisait pas du tout avant. Il est vrai qu’avec EQUISYM, et les données chiffrées, nous pouvons objectiver les examens, communiquer avec le client, en lui montrant l’évolution des indices, et la symétrisation des courbes. L’outil est à la fois utile pour le diagnostic et pédagogique pour le propriétaire.
Et concernant l’utilisation du produit ?
Je découvre tout juste le produit, mais il est clair qu’il a été développé de manière intuitive, et c’est un outil ergonomique pour le cheval : les protections se mettent facilement, ne bougent pas et ne gênent pas le cheval. Il faut une petite période pour se familiariser avec l’outil, et s’habituer à placer le capteur de croupe.
Les lectures de courbe me semblent toujours très intelligibles quand je suis accompagnée, mais je pense qu’il faut également une période d’adaptation lorsqu’on débute seul. Pour cela, il y a le service CSM, et c’est vraiment très valorisable d’avoir une équipe qui nous soutient dans la lecture et l’analyse des courbes. C’est un point très appréciable de savoir que nous ne sommes pas seul face l’outil, qu’une équipe est derrière pour nous aider à analyser les données. Cependant, je pense qu’il faut faire attention à ne pas tomber dans l’hyper interprétation. Je reste persuadée qu’il existe un degré de dissymétrie naturelle chez chaque cheval, que nous ne pouvons pas forcément vaincre, et qu’il n’est pas non plus souhaitable de surmédicaliser et de sur traiter.
L’intérêt du suivi longitudinal d’un cheval, se trouve donc dans la comparaison de ses données propres, par rapport à lui-même, ou sur la survenue d’une pathologie aiguë ou d’une dysmétrie d’allure notable. Dans le cadre de suivi longitudinal associé à de la physiothérapie de performance, il est important de cumuler un certain nombre d’examens – et donc de données – pour connaître la tendance du cheval, ses propres dissymétries. Parce que si nous commençons à se lancer dans toutes les radios dès qu’un décalage au niveau d’un membre est perçu, je crains une rapide déception, et à terme, un épuisement de la clientèle, qui aura l’impression de faire des choses superflus. En effet, certaines asymétries peuvent être liées à la fatigue musculaire, à l’acidose, …
Pour conclure, je pense qu’EQUISYM est un véritable allié s’il est utilisé à bon escient, en évitant la sur-interprétation, et en l’utilisant comme support de l’expertise vétérinaire.